MESSAGE A LA NATION DE S.E.M. MACKY SALL, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DU SENEGAL, A L’OCCASION DU NOUVEL AN
Sénégalaises, Sénégalais, mes chers compatriotes,
Hôtes étrangers qui vivez parmi nous,
L'année 2013 s'achève. Je suis heureux de m'adresser à vous pour vous présenter mes vœux.
Ce soir, mes pensées vont d'abord à tous les êtres chers qui nous ont quittés, dont nos Jambaars tombés au champ d'honneur, au service de la paix et de la sécurité internationales. Paix à leur âme. Aux malades parmi nous, j'adresse mes souhaits ardents de prompt rétablissement.
Mes chers compatriotes,
Au seuil du nouvel an, l'espoir d'une paix définitive en région naturelle de Casamance se consolide. Les négociations se poursuivent. Je renouvelle toute ma confiance aux facilitateurs. Avec le soutien de nos partenaires, les mesures de réinsertion pour tous ceux qui acceptent de déposer les armes restent en vigueur. En même temps, le projet Pôle de développement de la Casamance, d'un montant de 20 milliards de fcfa, va démarrer dans quelques jours.
L'année 2014 verra la mise en place de l'Acte III de la décentralisation, pour une administration locale de proximité, dont la finalité est d'organiser le Sénégal en territoires viables, compétitifs et porteurs de développement durable.
Mais l'année 2014 doit aussi être celle d'une croissance économique plus soutenue, pour un développement national partagé, dans l'équité et la justice sociale.
Plus que jamais, le Gouvernement est dans le temps de l'action. Et notre pays inspire confiance. Voilà pourquoi nous venons de réaliser, pour 150 milliards de fcfa, la plus importante mobilisation souveraine de ressources de la zone UEMOA, pour le financement de projets d'infrastructures de transports, d'énergie et d'agriculture. Un reliquat de 100 milliards est attendu au cours du mois de janvier.
Nous mettrons en place le Plan Sénégal Emergent, une version accélérée de la Stratégie Nationale de Développement Economique et Social. En effet, même à plus de 4%, notre taux de croissance actuel est encore assez faible, et lent dans son rythme, pour induire les changements économiques et sociaux massifs et durables.
Le Plan Sénégal Emergent vise à porter ce taux à 7% au moins, et dans la durée. Il intègre des éléments du programme Yoonu Yokkuté et de la Stratégie Nationale de Développement Economique et Social. En harmonie avec nos engagements auprès de nos partenaires techniques et financiers, il sera décliné dans des projets et des réformes phares, pour accroitre la compétitivité de notre économie. Plus de 200 sénégalais, de hauts fonctionnaires de l'Administration, ainsi que des personnes ressources du secteur privé, de la société civile et de la diaspora ont travaillé pendant de longs mois sur ce document. Je les remercie tous pour leur contribution.
Parallèlement, nous poursuivons résolument nos efforts de gouvernance et de rationalisation des dépenses publiques.
Ainsi, l'audit de la fonction publique a révélé plus de 12 000 cas d'agents non identifiés, dont les salaires étaient pourtant régulièrement payés. Nous avons mis fin à ces abus inacceptables. Des mesures conservatoires ont été prises. Et la procédure ira jusqu'à la radiation le cas échéant. Si les nécessités de service le justifient, les postes ainsi libérés seront ouverts au recrutement.
S'agissant du pôle emploi-jeunesse, les activités jusque là menées de façon éparse par quatre structures sont désormais regroupées au sein d'une seule Agence, afin de réduire les dépenses de fonctionnement et mettre en cohérence les politiques publiques.
La rationalisation de ces Agences et de nombreuses autres structures, et la réduction drastique des dépenses en téléphone et logements administratifs devraient générer 39 milliards d'économies budgétaires en 2014. Ces ressources seront investies dans des programmes économiques et sociaux.
Après le recrutement de 9608 nouveaux agents de l'Etat, dont 4017 enseignants, et l'engagement de 10 000 jeunes volontaires dans l'Agence Nationale de Sécurité de proximité, nous avons mis en place le Fonds Souverain des Investissements Stratégiques (FONSIS), le Fonds de Garantie des Investissements Prioritaires (FONGIP) et la Banque Nationale de Développement Economique.
Ce dispositif de soutien à l'emploi et d'accompagnement des grands projets structurants, ainsi que des PME et PMI, notamment des groupements d'artisans, de jeunes et de femmes, sera pleinement opérationnel en 2014.
Je salue en même temps l'engagement aux côtés de l'Etat du secteur privé national dans le combat pour l'emploi et la réalisation de nos projets de développement.
Je compte poursuivre ce partenariat dans l'esprit de ma récente rencontre avec les représentants du patronat.
Dans la lutte contre le chômage, l'expertise et la main d'œuvre sénégalaises étant sollicitées à l'étranger, nous avons signé il y a une semaine avec un pays partenaire un important Accord pour l'emploi de travailleurs sénégalais.
Mes chers compatriotes,
Comme l'année dernière, la campagne hivernale a donné de bons résultats, grâce au labeur des producteurs et à l'appui du Gouvernement. Dans le même élan de soutien au monde rural, nous avons relevé le prix du kilogramme d'arachides de 190 à 200 francs.
Mais, pour mieux valoriser nos produits locaux et hâter la réalisation de l'objectif d'autosuffisance alimentaire, nous devons accélérer la modernisation de notre agriculture et de notre élevage.
A cette fin, la Banque Mondiale vient d'accorder au Sénégal un financement sans intérêt de 43 milliards de fcfa, en soutien à l'agriculture, l'agro-industrie, l'irrigation et la gestion des terres.
Nous allons aussi acquérir, d'ici la prochaine campagne agricole, une large gamme de matériels et équipements pour l'agriculture et l'élevage, pour plus de 42 milliards de fcfa ; en plus de l'aménagement de 30 000 hectares au titre du Programme des Domaines agricoles communautaires, dédiés au jeunes, dont le financement sera bouclé au premier trimestre de l'année 2014.
Après mes visites à Koung-Koung Sérère et Dolly, je me réjouis des nouvelles perspectives ouvertes pour le secteur de l'élevage, avec la modernisation des infrastructures, y compris la réalisation d'abattoirs modernes et l'équipement en véhicules des Services vétérinaires.
Au soutien de l'agriculture et de l'élevage, le Gouvernement réalisera un plan quinquennal de 300 forages, en plus de l'extension des réseaux sur les forages déjà existants.
S'agissant de la pêche, la relance de la filière thonière a permis de sauver plus d'un millier d'emplois, et de créer une nouvelle dynamique d'activités génératrices de revenus.
Le développement de l'aquaculture portera à 6 les sites de reproduction en 2014, pour 1000 nouveaux emplois directs et une production attendue de 16 000 tonnes.
Mes chers compatriotes,
Le Sénégal émergent devra nécessairement avoir comme rampe de lancement un réseau d'infrastructures couvrant l'ensemble du territoire national.
Sur les 33 projets majeurs en cours, certains, comme la route Linguère Matam, sont en finition.
L'autoroute Dakar-Diamniadio sera prolongée sur Mbour et Thiès. Et nous avons entamé les diligences pour l'étendre dans les directions Thiès-Touba ; Thiès-Tivaouane ; et Mbour-Fatick-Kaolack. Un programme de désenclavement de 1200 km de pistes rurales est en cours dans 12 régions. Mille autres sont prévus pour 2014, sur un objectif de 4000 km d'ici trois ans.
Des améliorations sensibles seront aussi apportées à la mobilité urbaine, avec le renouvellement du parc de Dakar Dem Dikk à hauteur de 750 bus, la relance du projet de tramway Dakar-banlieue, couplé au projet de train rapide Dakar-Aéroport International Blaise Diagne.
Mieux, le trafic routier sera davantage décongestionné, grâce au « Mame Coumba Lamb », un bateau de 200 places, acquis pour assurer la desserte Dakar-Rufisque dès l'achèvement des procédures techniques de réception en cours.
Quant aux deux navires, Aguène et Djambodj, destinés à la liaison Dakar-Ziguinchor, ils seront livrés en juillet prochain.
En matière d'énergie, la fourniture régulière de l'électricité reste encore un de nos défis majeurs. Mais nous sommes sur la bonne voie pour le relever. Je tiens à l'application rigoureuse des mesures de redressement du secteur, par l'amélioration continue de sa gouvernance, l'élimination progressive des locations coûteuses et la généralisation des lampes de basse consommation.
Les efforts de diversification des sources et de renforcement des capacités de la SENELEC se poursuivent, avec la mise en service de la centrale hydroélectrique de Félou et le lancement des travaux de construction de la centrale à charbon Sendou 1.
Pour l'année 2014, 12 communes de la banlieue de Dakar, ainsi que les villes de Tambacounda, Kaolack, Fatick, Linguère, Thiès et Kolda bénéficieront du Programme national d'éclairage solaire public, en partenariat avec l'UEMOA.
Mes chers compatriotes,
A l'épreuve d'une pluviométrie abondante, la phase d'urgence du plan de lutte contre les inondations a donné des résultats probants.
Les travaux d'assainissement, de restructuration des zones vulnérables et de relogement continuent à Dakar et dans les régions. Deux mille logements sociaux supplémentaires seront réalisés en 2014, en plus de l'aménagement de cinq pôles urbains. Ces projets structurants devront générer plus de 8000 emplois directs.
Alors que le logement est une forte demande sociale, je sais que le coût du loyer est devenu trop cher. Des pratiques spéculatives insupportables, qui n'ont que trop duré, exposent des familles entières à la précarité. Nous ne pouvons plus laisser perdurer cette situation. La Commission multidisciplinaire d'étude sur le loyer dont j'avais annoncé la mise en place dans mon message de l'année dernière, vient de déposer ses conclusions. Je salue la qualité du travail accompli.
En conséquence, suivant les recommandations de la Commission, j'ai instruit le Gouvernement de prendre les mesures réglementaires immédiates pour la baisse effective du coût des loyers, selon les catégories et les pourcentages suivants :
Ø Pour les logements sociaux, une baisse de 29% ;
Ø Pour les logements moyen standing, une baisse de 14% ;
Ø Et pour les logements haut de gamme, une baisse de 4%.
Dans une société digne des valeurs que nous pratiquons au quotidien, réussir l'organisation de la solidarité à l'échelle nationale me tient à cœur. Je me réjouis à cet égard du lancement des programmes de Bourses de Sécurité Familiale et de Couverture Maladie Universelle.
De plus, la gratuité des soins pour les enfants de zéro à cinq ans est déjà effective depuis le mois d'octobre. Le Plan Sésame, au bénéfice des personnes âgées a été relancé.
Et à compter de janvier, la gratuité de la césarienne dans les structures de santé publique sera parachevée avec son extension au Département de Dakar.
En outre, le Programme d'Alphabétisation et d'Apprentissage de Métiers, d'un montant de Sept Milliards de fcfa, contribuera à la prise en charge des couches vulnérables, en particulier pour l'éducation des enfants dans les Ecoles Communautaires de Base en milieu défavorisé, l'emploi des jeunes et l'autonomisation socio-économique des femmes.
Tout comme la santé et le social, la culture, le sport, l'éducation et la formation restent au cœur de nos préoccupations.
Certes, notre pays ne dispose pas de richesses naturelles significatives. Mais le talent et le génie créateur de notre peuple constituent sûrement notre meilleure ressource.
En témoigne une année 2013 faste sur le plan culturel, avec, entre autres, les Prix remportés au FESPACO, dont le Yennenga d'Or, la réception de notre compatriote Ousmane Sow à l'Académie française des Arts et l'érection de la maison de feu le Président Léopold Sédar Senghor en Musée.
En appui au cinéma, une allocation d'un milliard est prévue dans le budget 2014.
A l'image de la culture, poursuivons nos efforts pour améliorer nos performances sportives.
Notre richesse intellectuelle est, quant à elle, inépuisable, à condition de l'entretenir par une éducation et une formation de qualité.
Voilà pourquoi le Gouvernement a mis en place, sur la période 2013-2025, le Programme d'Amélioration de la Qualité, de l'Equité et de la Transparence, le « PAQUET », pour une école où chaque enfant, quelle que soit son origine sociale, aura la chance de réaliser ses rêves selon son mérite.
A ce titre, cinq régions à faible taux de scolarisation, notamment Diourbel, Kaffrine, Louga, Matam et Tambacounda, bénéficieront en 2014 d'un plan spécial de 200 écoles, toutes équipées.
Entre 2014 et 2015, 67 nouveaux collèges de proximité et 3 lycées départementaux verront le jour, en plus de la réhabilitation du lycée Ameth Fall de Saint Louis et de la Maison d'Education Mariama Ba de Gorée, ainsi que la résorption des abris provisoires dans les régions de Sédhiou et Ziguinchor.
Et pour renforcer le volet pédagogique, 4017 enseignants viennent d'être recrutés dans l'élémentaire et le moyen secondaire.
Au-delà de l'enseignement classique, je tiens à la valorisation de tous les talents, pour un Sénégal meilleur, qui offre à tous ses enfants des possibilités de formations qualifiantes, ouvrant l'accès au marché de l'emploi.
C'est à cela que répondent nos trois innovations majeures dans ce domaine :
Ø le projet de modernisation des daaras pour 10 milliards de fcfa ;
Ø l'organisation, pour la première fois cette année, de l'examen du baccalauréat arabe, d'autant plus que l'enseignement de l'arabe fait partie intégrante de notre patrimoine historique et culturel ;
Ø et le programme pilote de sept lycées professionnels, à l'instar du lycée de Sandiara en cours de construction.
Si j'insiste autant sur l'éducation et la formation, c'est que, plus que par le passé, la maîtrise du savoir et du savoir faire déterminera le destin des peuples au 21e siècle.
C'est dire combien la réforme en cours de notre système universitaire est un devoir impératif. L'ajourner, c'est hypothéquer la crédibilité qui a toujours fondé la réputation d'excellence de l'université sénégalaise ; justifiant par là notre tradition d'accueil d'étudiants étrangers.
Nous ne pouvons pas garder le statu quo lorsqu'en moyenne 40 000 bacheliers par an aspirent à l'enseignement supérieur.
Pour répondre à ces nouveaux besoins, dix projets d'infrastructures sont en cours afin de renforcer la capacité d'accueil de nos universités, y compris par le numérique. Et des ressources additionnelles à hauteur de 500 millions de fcfa sont affectées au programme « Un étudiant, un ordinateur ».
Le Gouvernement mettra en œuvre les 78 recommandations consensuelles issues de la concertation nationale sur l'avenir de l'enseignement supérieur.
J'en appelle solennellement à tous, parents, enseignants, étudiants et autres partenaires sociaux : œuvrons ensemble pour un climat social apaisé, à même d'instaurer les conditions d'une année académique réussie.
Je convoquerai d'ailleurs au cours de l'année une Conférence sociale pour un Pacte de stabilité et d'émergence.
Mes chers compatriotes,
En Afrique et dans le monde, la revitalisation de notre action diplomatique se consolide par la redynamisation de nos relations traditionnelles, l'ouverture à de nouveaux partenaires, et l'exercice de nos responsabilités à l'échelle sous régionale et continentale.
Conformément aux conclusions de la Conférence des Ambassadeurs et Consuls généraux, la promotion et la protection des Sénégalais de l'Extérieur resteront au cœur de nos priorités. C'est ainsi que nous avons décidé de rapatrier nos compatriotes qui en ont fait la demande, suite à la crise actuelle en Centrafrique. Le premier vol est attendu dans les prochaines heures.
Ensemble, mes chers compatriotes, abordons le nouvel an qui s'annonce, conscients des défis qui nous attendent, et confiants dans nos capacités individuelles et collectives de trouver en nous-mêmes les réponses à ces défis.
Déterminés dans l'action, rassemblés et solidaires autour de l'essentiel, nous y parviendrons.
Avec mes sentiments affectueux, je vous adresse mes vœux les meilleurs ; vœux de bonne santé, de longévité et de réussite pour chacun de vous ; vœux de paix, d'harmonie nationale et de prospérité croissante pour notre chère patrie. Bonsoir et Déwenéti.