ALLOCUTION DE SON EXCELLENCE MONSIEUR MACKY SALL,PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DU SENEGAL PRESIDENT EN EXERCICE DE L’OCI
Le Caire, 6 Février 2013
25 Rabiul Awwal 1434
Bismillaahi Arrahmaani Arrahiimi
Excellence, Monsieur Mohamed Morsi, Président de la République Arabe d'Egypte, hôte du 12e Sommet islamique,
Majestés,
Altesses Royales,
Excellences, Messieurs les Chefs d'Etat et de Gouvernement,
Mesdames, Messieurs les Ministres,
Mesdames, Messieurs les Ambassadeurs,
Monsieur le Secrétaire Général de l'Organisation de la Coopération Islamique,
Monsieur le Secrétaire Général de la Ligue des Etats Arabes,
Mesdames, Messieurs les Représentants d'Institutions internationales,
Distingués invités,
Assalaamou Aleykoum Warahmatoullaah Wa Barakaatouhouhou,
En votre nom et au mien propre, je rends grâce à Allah pour la faveur qu'Il nous accorde de nous réunir à nouveau, presque cinq ans après notre 11e Sommet ordinaire, en mars 2008 à Dakar.
Je remercie sincèrement notre frère, le Président Mohamed Morsi, le Gouvernement et le peuple égyptiens, pour l'accueil chaleureux qui nous a été réservé dans la ville historique du Caire, foyer ardent de savoir et de recherche islamiques.
Nous avons retenu comme thème de notre 12e Sommet « Le monde musulman, nouveaux défis et multiplication des opportunités », en raison des circonstances actuelles et des perspectives de notre action future.
Depuis le Sommet de Dakar, le monde et la Oummah islamique ont subi des changements majeurs. Ces mutations interpellent notre Communauté, unie par des valeurs et un destin partagés.
Au prix d'énormes sacrifices, le cours de l'histoire a évolué dans le bon sens pour certains de nos pays. Je salue le courage et la détermination de leurs peuples.
Dans mon propre pays, nous avons pu conduire, l'année dernière, une alternance démocratique et pacifique à la tête de l'Etat.
Mais pour notre Communauté dans son ensemble, les sources de préoccupation et les défis restent encore nombreux.
Je pense au Golan Syrien toujours occupé.
Je pense à nos frères et sœurs palestiniens, car malgré la reconnaissance du statut d'Etat observateur de la Palestine à l'ONU, de sérieux obstacles subsistent pour l'avènement d'un Etat palestinien viable et indépendant, avec Jérusalem Est comme capitale.
Je pense à la population Syrienne, qui subit une violence quotidienne comme seule réponse à sa revendication légitime de vivre libre.
Je pense à la situation précaire des minorités musulmanes dans le monde, en particulier les Rohyngas de Birmanie, persécutés du seul fait de leur appartenance religieuse.
Je pense au Mali, où des groupes terroristes, puissamment armés et entretenus par des trafics illicites de tous genres, ont agressé un Etat indépendant et souverain, et commis toutes sortes d'exactions contre ses populations et ses biens culturels, dont certains sont classés patrimoine de l'Humanité.
L'objectif des bandes terroristes était clair : éliminer le Mali en tant qu'Etat pour y établir un sanctuaire de l'internationale terroriste, et étendre leurs activités criminelles sur toute la sous-région et au-delà ; comme en témoigne la prise d'otages meurtrière d'In Amenas en Algérie.
Je salue l'action décisive de la France, qui a su arrêter ce projet néfaste, à la demande du Gouvernement malien et conformément à la résolution 2085 du Conseil de Sécurité. Naturellement, en soutien à nos frères et sœurs maliens, plusieurs pays africains, dont le Sénégal, ont aussi déployé des troupes au Mali, pour contribuer à la libération du pays et au combat contre le terrorisme.
Je regrette cependant le manque de solidarité de notre Organisation, alors qu'au mépris de toutes les valeurs islamiques, un de ses Etats membres était atteint dans sa dignité et menacé de disparition.
Pourtant, selon les dispositions pertinentes de sa Charte, l'OCI a le devoir de « ...soutenir les justes causes des Etats membres par la coordination et l'unité des efforts... ».
J'invite, en conséquence, notre Sommet à adopter la Déclaration solennelle sur le Mali que le Groupe africain nous a soumise.
Face aux défis auxquels nous sommes confrontés et qui montrent les limites de notre action collective, j'appelle tous les Dirigeants du monde musulman à un sérieux examen de conscience sur l'état de notre Oummah et son avenir.
Des générations avant nous ont porté la civilisation islamique à l'avant-garde de la pensée intellectuelle et des progrès scientifiques ayant conduit l'Humanité vers le mieux être.
Aujourd'hui encore, des millions de musulmans à travers le monde excellent dans les disciplines les plus sophistiquées, dans l'art, la culture et d'autres activités humaines.
Voilà pourquoi nous ne pouvons pas laisser une minorité d'extrémistes, dont les idées et les actes criminels sont incompatibles avec les valeurs islamiques, prendre en otage notre religion, au risque d'en dénaturer le message, d'en ternir l'image et de conforter le camp des islamophobes.
En vérité, ceux qui agissent ainsi trahissent la mission confiée au Prophète Mohamed, Paix et Salut sur Lui. « Et nous ne t'avons envoyé (toi, Mohamed) qu'en miséricorde pour l'univers », dit le Saint Coran dans la Sourate 107, verset 21.
Voilà le vrai message de l'Islam ; celui qui reconnait le caractère sacré de la vie humaine, qui exalte le savoir et la sagesse, préconise la tolérance et la modération, et invite à des relations apaisées entre les peuples et en leur sein.
Je salue, à cet égard, les initiatives louables de notre Frère, le Serviteur des Deux Saintes Mosquées, le Roi Abdallah Ben Abdbdelaziz Al Saoud, pour le dialogue interreligieux et la compréhension mutuelle.
Je souhaite que notre Organisation assure une meilleure promotion de ces initiatives, dans le cadre d'une stratégie globale d'éducation et de sensibilisation, soutenue par les moyens modernes de diffusion pour combattre l'islamophobie ; dans l'esprit des Recommandations du Conseil islamique des Ministres de la Communication.
Majestés,
Altesses,
Messieurs le Chefs d'Etat et de Gouvernement,
Depuis le Sommet de Dakar et les deux Sommets extraordinaires de Makkah Al Moukarramah, de 2005 et 2012, nous cherchons à renforcer l'interaction islamique dans les domaines économique, social, culturel et humanitaire.
Nous avons établi les mécanismes nécessaires à cet effet, avec la nouvelle Charte de l'OCI adoptée à Dakar, le Plan d'Action Décennal, les Programmes spéciaux pour l'Afrique et l'Asie Centrale, ainsi que le Fonds de Solidarité Islamique pour le Développement.
Cependant, malgré les efforts de la Présidence en exercice de l'OCI et du Président de la Banque Islamique de Développement (BID) pour la mobilisation de contributions volontaires, le Fonds n'a pu réunir, à ce jour, que 1,633 milliard de dollars pour un objectif de 10 milliards fixé par le Sommet extraordinaire de 2005.
J'invite, à nouveau, les pays membres à contribuer au Fonds et à mobiliser des ressources additionnelles pour renforcer les capacités d'intervention de la BID, conformément aux Décisions de notre dernier Sommet extraordinaire.
Je renouvelle mes chaleureuses félicitations à notre frère Ahmed Mohamed Ali, Président de la BID, pour son dévouement et son leadership dans l'exercice de sa mission.
Je salue en même temps les efforts que déploient certains pays membres de la Ommah dans le cadre de la coopération économique pour le développement.
L'aide, comme manifestation de la solidarité islamique, est certes louable. Mais elle ne peut, à elle seule, satisfaire tous les besoins.
Sur la base de nos complémentarités, nous devons promouvoir des échanges économiques et commerciaux qui dépassent le cadre restreint de l'aide publique au développement.
Avec un milliard et demi d'êtres humains, d'importantes ressources naturelles, financières et technologiques, la Oummah est à la fois une convergence de valeurs et une formidable agrégation de potentialités économiques où chacun de nos pays peut être une source d'opportunités pour les autres.
Aujourd'hui, nous réunissons toutes les conditions pour que chaque musulman sur terre puisse manger à sa faim, se soigner, se loger décemment et assurer son éducation.
Nous pouvons y parvenir en stimulant les échanges et les investissements dans les secteurs clefs de l'agriculture, de l'énergie, des mines et des infrastructures, avec le soutien de la Société islamique de financement du Commerce et celui de la Chambre islamique de Commerce et d'Industrie.
En Afrique en particulier, le NEPAD, que j'ai l'honneur de présider depuis le dernier Sommet de l'Union Africaine, offre désormais de réelles opportunités d'investissement, y compris par le partenariat public-privé dans des projets d'infrastructures déjà identifiés.
Majestés,
Altesses,
Messieurs le Chefs d'Etat et de Gouvernement,
Alors que s'achève le mandat du Sénégal à la tête de l'OCI, je voudrais féliciter et remercier notre Secrétaire Général, le Professeur Ekemeleddin IHSANOGLU, pour sa collaboration. Je félicite également M. Iyad Bin Amine Madani, Secrétaire général nouvellement élu, et lui souhaite plein succès dans sa future mission.
A vous tous, j'exprime ma gratitude pour la confiance placée en mon pays au cours de ces cinq dernières années.
A notre frère Mohamed Morsi, j'adresse mes meilleurs vœux de succès dans l'accomplissement de son mandat au service de notre Organisation.
Malgré les difficultés présentes et à venir, j'ai pleinement confiance dans l'avenir de la Oummah.
Mais il est clair que notre réussite viendra par nous-mêmes.
Si nous restons unis et solidaires, nous avons toutes les capacités de relever les défis devant nous.
Souvenons-nous que nous sommes les héritiers d'une petite communauté qui, aux premières heures de l'Islam, a dû surmonter toutes sortes d'épreuves pour devenir, de générations en générations, la grande famille que nous constituons aujourd'hui.
Là où cette petite communauté a réussi, un milliard et demi de personnes ne devraient pas avoir le droit à l'échec.
Gardons à l'esprit la Parole de Dieu lorsqu'il nous prescrit dans la Sourate Al Imraan : « ...cramponnez vous tous au câble d'Allah et ne vous divisez pas ».
J'implore Allah dans Sa générosité infinie d'inspirer nos réflexions, de bénir notre rassemblement, de raffermir notre foi et de nous accorder la récompense qu'Il a promise à ceux qui se consultent entre eux à propos de leurs affaires.
ALHAMDOULILAH RABBIL AALAMIINE
Wa Salaamou Aleykoum Wa rahmatoullaah Wa Barakaatouhou.